Broodthaers, toujours Broodthaers

Bien sûr, 4 à 6.000 euros, et peut-être davantage, qui sait ?, c’est déjà une fameuse somme. 
On est loin des best-sellers du marché de l’art international, certes, mais quand même. 
Mais si vous aimez participer à ces ventes publiques 
et que vous n’avez pas nécessairement un compte en banque qui explose, 
il y a toujours moyen d’acquérirdes choses, moins prestigieuses peut-être, 
mais tout aussi intéressantes. Sur les 932 lots proposés chez Damien Voglaire, 
à Saint Gilles, seuls 28, si j’ai bien compté, sont estimés à plus de 1.000€. 
Et nombre d’œuvres sont à 50, 75, 100€, pas davantage.
Par exemple : un portrait d’homme à la moustache d’Auguste Donnay, 50 à 75 €; 
un exemplaire de La servante au miroir de Marcel Lecomte illustré 
par sept dessins de Léon Spilliaert, 25 à 50 ; 
un autoportrait du photographe Lee Friedlander, 75 à 100. 
Et il y a tous les prix intermédiaires. 
Et une grande diversité de lots : livres anciens, éditions du XIXe siècle, 
éditions originales et livres illustrés du XXe siècle,
 revues littéraires et artistiques, lettres autographes, bandes dessinées, catalogues, monographies, 
photos, affiches commerciales, publicités, dessins, peintures, sculptures, gravures…

Pour les fabricants d’étoffes
Le plus cher, c’est Marcel Broodthaers. 
Sa cote ne faiblit pas sur le marché, au contraire. 
Trente­huit œuvre sont présentées. 
Cartons d’invitation, plaquettes, illustrations, revues relatives à son œuvre, etc. 
Son Vingt ans après est, en fait, un livre recouvert d’une bande-annonce. 
Le livre, c’est vingt ans après, de Dumas en Livre de poche. 
Le bandeau rouge porte le nom de l’artiste et de son galeriste R. Lucas. 
Broodthaers en aurait fait plusieurs, 
dédicacés à des personnes différentes. 
Cet exemplaire l’est « A M. et Mme Hallemans, en toute justice cordiale, 13.10.69 ». 
De toute rareté, conclut le vendeur. L’estimation est de 4 à 6.000 €.
 Il y a aussi les deux petits volumes de Georges Rodenbach, 
l’écrivain symboliste belge, datés 1895 :  
Les vierges et Les tombeaux. 
Le premier a été illustré par le Hongrois Joseph Rippl Ronai, 
le second par l’Ecossais James PitcairnKnowles. 
Cela avait été commandé par Samuel Bing 
pour l’ouverture de sa galerie Art nouveau le 26 décembre 1895. 
Estimation : 1.000 à 2.000 €. 
Et un recueil de 60 dessins de Georges Darcy à l’usage des fabricants d’étoffes, 
décorateurs, brodeurs et dessinateurs d’ornements. 
Avec 20 planches coloriées au pochoir avec rehauts d’or sur papier teinté. 
Estimation : 1.200 à 1.400 €.
 Il y a encore douze lots concernant l’artiste graveur Frans Masereel, 
six catalogues de La Libre Esthétique, des Max Ernst, 
des collages de Marcel Mariën et ELT Mesens, du Warhol, du Alechinsky, du Kessels, 
du Kandinsky, etc. De quoi trouver son bonheur.

Jean-Claude Vantroyen